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L' Asie

LES CHINOIS : L'ÉQUILIBRE COSMIQUE (1500-500 avant J-C)

1 - La conception taoïste  de l’univers

 

 

Le taoïsme apparaît au VIème siècle avant J-C. Pour cette philosophie religieuse, l’Univers est formé de souffles. Comme pour les Hindous, il n’est pas créé par un Dieu. Il est lui-même l’Absolu, plus précisément le Devenir perpétuel.

 

Libérant les énergies mêlées du chaos originel (appelé le vide, l’obscurité, le tourbillon premier ou l’eau primordiale, selon les différents mythes) qui, peu à peu, prend la forme d’un œuf, la Loi - principe suprême de l’équilibre cosmique - appelée Tao organise ces énergies pour former le cosmos. Le  Tao se manifeste en effet sous deux formes opposées et complémentaires : le Yin (l’Obscurité, le Froid, la Terre, la Passivité, la Lune, le Féminin…) et le Yang (la Lumière, le Chaud, le Ciel, l’Activité, le Soleil, le Masculin…). Toutes les transformations (passage d’une forme à une autre) résultent de la dynamique du yin et du yang : lorsque le yin atteint son point culminant, il devient yang, et réciproquement. Ces deux forces parcourent en alternance les cinq phases d’un cycle que représentent les cinq éléments du cosmos (l’eau, le feu, le bois, le métal et la terre). Cette cosmologie a influencé toute la pensée chinoise et a donné naissance à l’acupuncture. Le Tao est à l’origine de toutes choses ; en lui sont résolus tous les contraires. C’est l’Absolu, mais il n’a pas de nom propre. C’est une sorte de Vide actif, immuable et éternel.

 

 De l’oeuf cosmique vont donc s’échapper deux sortes de souffles : dans la partie supérieure de l’oeuf, ce sont les souffles légers qui se rassemblent en haut pour former le Ciel ; dans la partie inférieure, les souffles lourds forment la Terre. Tout en se formant, ceux-ci donnent naissance à un démiurge nommé P’an-ku et resté 18000 ans en gestation dans l’oeuf.

Dans un premier temps, celui-ci, à l’intérieur de l’oeuf, se confond tantôt avec les éléments yang du Ciel, tantôt avec les éléments yin de la Terre, passant sans cesse de l’un à l’autre, se transformant pour devenir enfin lui-même. Plus il devient lui-même, c’est-à-dire un être vivant et manifesté, plus le Ciel s’élève au-dessus de la Terre, jusqu'à ce que ceux-ci soient séparés et opposés : le Ciel, infiniment haut et la Terre, infiniment profonde. Craignant que la Terre et le Ciel ne se réunissent à nouveau, P’an-ku se plante entre les deux parties, sa tête tenant le Ciel et ses pieds écrasant la Terre. Pendant les 18000 ans de son développement, la distance entre Ciel et Terre augmente de 3 mètres par jour à mesure qu’il grandit. P’an-ku est donc né du chaos en même temps que le Ciel et la Terre. On peut remarquer que ce récit ressemble beaucoup à celui des Égyptiens - où l’Air, Shou, sépare ses enfants - le Ciel et la Terre.

 

 Selon un autre récit, P’an-ku est le dieu suprême qui existe au commencement ; il est le créateur de toute vie - celle des dix mille êtres qui peuplent l’univers. Cependant, pour engendrer ce dernier, il doit se sacrifier et mourir : c’est à partir de son cadavre que le monde est créé : sa tête devient la Montagne sacrée (le mont Kouen-louen), son tronc, les autres montagnes, ses yeux, le Soleil et la Lune, ses cheveux et sa barbe, les Etoiles, ses quatre membres, les points cardinaux, ses dents et ses os, les métaux et les pierres, sa chair, les arbres, la terre ou les quadrupèdes, ses intestins, les serpents, son sang, les rivières et les fleuves, ses veines, les routes, son ventre, la mer, ses poils, toutes les plantes de la Terre, sa sueur, la rosée du matin. A partir de son souffle naissent le vent et les nuages, de sa voix surgissent le tonnerre et les éclairs, etc. Enfin, ses puces et ses parasites deviennent les ancêtres des différents peuples humains. D’autres récits sont naturellement venus ajouter des variantes à celui-ci.

 

Les Chinois ne se préoccupent pas des lois qui régissent la nature. Pour eux, tous les êtres coopèrent naturellement et harmonieusement. L’univers est considéré comme un gigantesque organisme vivant et humain.

 

Chaque phénomène trouve ses racines dans le Chaos où réside toute l’énergie, appelée ki : c’est cette énergie qui met en mouvement les étoiles tandis que les sept astres (le Soleil, la Lune et les cinq planètes connues) sont freinés par l’influence de la Terre. Les sept astres sont formés de vapeur condensée et se déplacent à leur gré, selon leur propre nature : ils avancent, reculent, ou bien ont des mouvements irréguliers.

 Par la suite, d’autres éléments religieux, issus de cultes populaires, vont se joindre au Taoïsme : notamment les Seigneurs des Trois Mondes, qui gouvernent le Ciel, la Terre et l’Eau. Les dieux sont nombreux ; ils ont la particularité de former une société semblable à celle des hommes. En fait, à l’origine, ce sont des hommes. A l’intérieur de leur organisation, les dieux ont des fonctions bien précises et doivent rendre des comptes à leurs supérieurs. Ils changent d’ailleurs régulièrement de fonction. Celle-ci est donc bien plus importante que le nom et la personnalité du dieu.

 

Pour les Chinois, le Roi est le fils et le régent du Dieu du Ciel. Il est responsable des rythmes cosmiques qui doivent se répéter jour après jour. En cas de catastrophe naturelle, il est obligé de se soumettre à des rites expiatoires précis qui rétablissent l’ordre perturbé. Le monde est créé quand le souverain et les sages (les mandarins) repoussent les forces du mal jusqu’aux quatre horizons et quand le roi s’installe ensuite au centre. La capitale possède son palais carré, construit à l’image du monde : base carrée (la Terre), toit rond (le Ciel).

 

Le Ciel est la demeure des dieux sidéraux ; chaque dieu y possède son palais et le ciel est divisé en étages. Dans l’étage supérieur réside l’Auguste de Jade, souvent nommé le Père-Ciel, qui crée les êtres humains en les modelant dans de l’argile ; une forte pluie le gêne dans sa tâche : certaines statuettes abîmées deviennent des hommes infirmes, qui côtoieront des hommes sains. L’Auguste de Jade habite un palais identique à celui de l’empereur qui règne sur les humains. Sa femme est la Reine mère Wang, qui préside aux festins d’immortalité (faits des pêches qui mûrissent tous les 3000 ans dans le jardin impérial) qu’elle donne aux dieux. Ce lieu est le Paradis de la mythologie chinoise et la Dame Wang en est la souveraine.

 

Le Soleil et la Lune sont l’objet d’un culte officiel : à l’origine, le Soleil est un dieu-coq qui, à force de pratiquer la Voie, a pris figure humaine. La Lune, elle, est habitée par le Lièvre, qui fabrique la drogue d’immortalité et par une déesse, femme de Yi, un excellent archer qui a abattu neuf soleils, un jour que les dix soleils des temps primitifs ont eu l’idée dangereuse de monter ensemble dans le ciel. Il avait obtenu des dieux la boisson d’immortalité ; sa femme, le sachant, profite de son absence pour la boire. Devant la colère de son mari, elle va se réfugier dans la Lune. Son mari la poursuit jusque là et elle demande protection au Lièvre. Celui-ci livre un combat à Yi et obtient qu’il renonce à punir sa femme qui dès lors habite dans la Lune.

 

Il y a bien sûr d’autres divinités cosmiques : Monseigneur le Tonnerre, très laid, dont la fonction est de punir les criminels non connus ; la Mère-Eclairs, le Maître de la Pluie, le Jeune Garçon des Nuages, le Comte du Vent. Toutes ces divinités sont sous la dépendance des Rois-Dragons, gouvernant les quatre mers qui entourent la Terre.

 

Mentionnons aussi, parmi beaucoup d’autres, les dieux des Enfers - ayant un rôle de juges avant la réincarnation du défunt sous une forme ou une autre -, le dieu des Examens, dieu des quatre étoiles qui forment le Chariot de la Grande Ourse et valet du dieu de la Littérature. Il est très laid, souvent représenté sur la tête d’une tortue.

 

Il existe en outre le dieu de la Longévité, dieu de l’étoile Canope du Navire Argo, la Tisseuse Céleste, fille de l’Auguste de Jade, déesse de l’étoile Alpha de la Lyre. Sans relâche, elle tisse des robes pour son père, sans coutures, faites de brocart et de nuages. Pour la récompenser de son travail, son père la marie au Bouvier Céleste (étoiles Bêta et Gamma de l’Aquila) ; cependant, après son mariage, la Tisseuse néglige son travail.  Son père alors sépare les deux époux en les plaçant l’un à droite, l’autre à gauche de la Voie lactée, avec la permission de se réunir une fois par an.

 

Cette légende a été bien transformée et enjolivée par le peuple : le Bouvier est un simple mortel qui épouse par ruse, après lui avoir caché ses vêtements, la Tisseuse Céleste descendue sur Terre pour se baigner ; ils ont deux enfants. Puis, la Tisseuse demande au Bouvier où se trouvent ses vêtements. Sans méfiance, le Bouvier le lui dit. Elle remonte alors au Ciel. Sur les conseils du bœuf qui l’avait déjà aidé à épouser la Tisseuse, le Bouvier réussit à monter au Ciel, demande audience à l’Auguste de Jade et réclame sa femme. Le Père-Ciel accorde alors au Bouvier l’immortalité et le désigne pour être dieu d’une étoile à l’ouest de la Rivière, la Tisseuses étant à l’est, avec la permission de se réunir une fois tous les sept jours. Mais les époux se trompent et croient ne pouvoir se réunir qu’une fois par an, le 7ejour du 7e mois. Comme ils ne peuvent traverser la Rivière sans pont, ce jour-là, toutes les pies montent au Ciel chacune avec une petite branche d’arbre et leur font une passerelle. On dit aussi que, ce jour-là, il doit pleuvoir, au moins le matin, car le couple pleure de joie en se revoyant. Cette légende s’est répandue dans toute la Chine et de nombreuses œuvres  poétiques la citent.

 

Précisons que, pour les Chinois, la Voie Lactée est le Grand Fleuve Céleste qui aboutit à l’abîme sans fond du Sud-Est : c’est dans cette immense Rivière que les mères des soleils et des lunes lavent leurs enfants avant qu’ils ne se montrent au ciel.

 

Signalons enfin l’existence des Huit immortels, hommes devenus immortels grâce à leur pratique de la doctrine taoïste (ils ont le droit d’assister aux festins de la Dame Wang) et celle des Sept Recteurs astronomiques, maîtres de la réalité des influences célestes, et présents à travers les sept étoiles de la Grande Ourse.

 

 Le but des Chinois est de s’harmoniser totalement avec l’ordre cosmique grâce au non-agir et à la sagesse ; plus particulièrement, ils recherchent l’immortalité du corps.

 

Au Vème siècle avant J-C, deux cosmogonies géocentriques dominent :

 

La plus ancienne représente l’Univers sphérique au-dessus d’une Terre carrée.

 

La seconde figure l’Univers comme un oeuf sphérique dont la Terre serait le jaune et le Ciel, la coquille.

 

 

2 - Les connaissances astronomiques

 

 Les plus anciennes traces écrites (notées sur des os) de l’astronomie chinoise appartiennent à l’Antiquité qui commence en 1500 avant J-C. L’essentiel de l’astronomie chinoise antique repose sur l’observation du Soleil et de la Lune dans le but d’organiser le calendrier, pivot d’une société centralisée et hiérarchisée. Il s’agit d’une astronomie officielle, où l’astrologie est omniprésente, au service du souverain. Comme dans beaucoup d’autres civilisations, la longueur de l’année est déterminée avec une bonne précision (365 jours 1/4). Les Chinois connaissent bien aussi la période de révolution de la Lune - le cycle de 19 ans - et la période de révolution des planètes, qui n’ont pas de nom propre en chinois.

 

Contrairement à l’astronomie babylonienne et grecque - où les astres sont positionnés par rapport à l’écliptique (plan qui passe par le centre du Soleil et qui contient l’orbite de la Terre) -, le repérage des astres se fait par rapport à l’équateur céleste et aux méridiens.

 

Les Chinois utilisent beaucoup l’arithmétique mais ignorent la géométrie. Ils utiliseront plus tard les sciences naturelles et la technique. Des catalogues d’étoiles, regroupées en 284 constellations, sont dressés dès le Vème siècle avant J-C.

 

(Au IIème siècle après J-C, l’apparition d’une supernova dans la constellation du Taureau sera décrite avec précision par des astronomes chinois. Il s’agit d’une étoile devenue si brillante qu’elle a été visible même en plein jour pendant plusieurs semaines. En découle encore aujourd’hui un nuage de gaz dans cette constellation, appelée « nébuleuse du Crabe ».)

LES HINDOUS : L’ABSOLU COSMIQUE (1500-300 avant J-C)

La première religion des Hindous est le Védisme, arrivé en Inde au IXème siècle avant J-C avec les invasions des populations aryennes, conquérantes et guerrières : ces peuples à la peau blanche décrètent qu’ils sont supérieurs aux autochtones à la peau mate ; ils les soumettent et les appellent esclaves. C’est ainsi que va s’édifier une société hiérarchisée, divisée en castes. Le Védisme est fondé sur des textes sacrés qui constituent le  Véda, ce mot signifiant : « savoir ». Les premiers textes des Védas ont sans doute été rédigés bien avant l’invasion des Aryens en Inde, vers 1500 avant J-C. Le Véda comprend les quatre Véda (Rig-Véda, Yajur-Véda, Sâma-Véda, Atharva-Véda), les commentaires de ces quatre livres, appelés Brâhmanas, les hymnes, nommés Sûktas, les traités rituels (Sûtrasà, les livres "forestiers", les Aranyakas, et les textes métaphysiques des Upanishads.

 

 L’essentiel de la religion védique peut se résumer ainsi : pour le Védisme, l’univers n’est ni existant, ni non-existant. On l’appelle simplement l’Un ou l’Absolu. Il réunit tous les contraires - le masculin et le féminin, par exemple - toutes les possibilités : on ne peut donc absolument pas se le représenter et encore moins le définir. On le désignera par la suite sous le nom de Brahman (à ne surtout pas confondre avec le dieu Brahma) - encore appelé le Soi (l’absolu universel) - et qui se retrouve en l’homme sous le nom de l’Atman.

Puis il se personnifiera davantage en prenant des noms qui correspondent à ses trois fonctions essentielles : Brahma, dieu de la naissance du monde, Shiva, dieu de sa destruction et Vishnu (ou Vishnou), dieu de sa préservation.  

 

Brahman ne cesse de se transformer pour former les mille et une formes du cosmos ; l’un des récits mettant en scène le dieu Brahma montre celui-ci sortant de l’oeuf cosmique sous la forme de l’ancêtre primordial de l’humanité - Purusha : il est l’homme cosmique, originel, éternel et suprême ; il possède mille cuisses, mille pieds, mille yeux, mille visages, mille têtes. C’est grâce à son sacrifice que le monde prendra forme : sa tête devient le Ciel, son nombril, l’Atmosphère, ses pieds, la Terre ; de sa bouche naissent les dieux et les hommes de la caste des brahmanes, le vent vient de son souffle ; ses bras deviennent la caste des guerriers ; ses cuisses font naître les commerçants, les producteurs... Ses pieds donnent la race des serviteurs. Purusha ressemble beaucoup, on le voit, au P’an-ku chinois.

 

Un récit assez tardif explicite cette incessante transformation de Brahman, l’Etre absolu :celui-ci est accompagné de Maya, le non-Etre, l’illusion, à l’apparence trompeuse, qui nous cache le Brahman, Réalité Absolue. L’univers, tel qu’il nous apparaît, sous ses formes multiples, n’existe donc pas en réalité : il n’est que le résultat de cette illusion. 

 

a) La Terre, avec l’Inde au centre, dominée par le mont Meru ; au sommet de ce mont est située la cité triangulaire, siège de Brahma, autour duquel gravitent les corps célestes.

 

b) Au-dessus de la Terre se trouve l’Atmosphère, qui s’étend jusqu’à la sphère des planètes.

 

c) Enfin, le Ciel occupe l’espace compris entre le Soleil et la sphère des étoiles, tournant autour de l’étoile polaire.

 

 

Cet univers dure le temps d’un jour du dieu Brahma, soit deux milliards cent soixante millions d’années. Vient ensuite une période de destruction correspondant au sommeil du dieu ; puis l’univers renaît, et ainsi de suite. L’univers est donc à la fois fini (puisque ses différentes formes naissent et meurent) et infini (puisqu’il est depuis toujours et pour toujours une succession de métamorphoses).

Contrairement à la conception des Hébreux, fondateurs du Judaïsme, l’Un ou l’Absolu n’est donc pas créateur de l’univers ; il est l’univers lui-même. Ce n’est pas un Dieu personnel et transcendant ; il est au contraire impersonnel et immanent. C’est une sorte d’énergie intelligente. L’univers n’est rien d’autre que sa façon de se manifester, de se montrer.

 

Il n’y a pas de différence fondamentale entre l’esprit et la matière puisqu’il s’agit de deux formes de la même énergie. De même, la vie et la mort ne sont que des étapes transitoires, les formes éphémères d’une existence infinie. L’être humain, comme toutes les autres formes de vie, meurt et renaît sans cesse sous différentes formes. De ce fait, l’homme n’est jamais considéré comme le maître de l’univers ; au contraire, il est en harmonie totale avec lui.

 

Le but de l’être humain doit être d’ailleurs de prendre conscience de cette harmonie. Il doit réussir à se débarrasser de l’illusion qu’il est un « je », un individu séparé de ce qui l’entoure ; il pourra ainsi quitter le samsara, monde des renaissances perpétuelles où règne la Maya, c’est-à-dire l’illusion, et fusionner avec l’Absolu, qui est sa vraie nature.

 

Le Védisme servira de base à l’édification des deux religions suivantes : le Brahmanisme et l’Hindouisme. Peu à peu vont apparaître, comme dans les autres civilisations, de nombreux mythes et divinités.

 

Parmi celles-ci, mentionnons Prajâpati, le seigneur des êtres créés, assimilé au Purusha védique. Il a de nombreux enfants, dont Ushas, l’Aurore. (Selon certains récits, le dieu suprême donnera naissance aux créatures vivantes après s’être accouplé avec sa fille.) Citons aussi Surya, Savitar, Mitra, garant de l’ordre universel, ou Indra, quatre figures différentes du dieu-Soleil, parfois représentés par un char qui fait avancer la sphère céleste. Notons qu’Indra, fils du Ciel et de la Terre, est un dieu guerrier (son combat avec le démon Vritra est célèbre) et cosmique : il monte le char du Soleil et tient dans sa main la foudre ; il crève les nuages et fait tomber la pluie : il est donc à la fois le dieu de la guerre et de la fertilité. Il règne sur le Ciel et réside sur le mont Mérou, le Centre de l’univers. Son frère Agni est le dieu du Feu, qui a formé le Soleil et rempli la nuit d’étoiles.

 

Quant à Soma ou Varouna (autre garant de l’ordre universel), ce sont deux figures du dieu de la Lune - le premier (à l’origine boisson divine) étant né du barattement de la mer et sa décroissance étant le fruit d’une malédiction.

 

Les déesses sont également très présentes : Aditi est l’une des grandes figures de la déesse-mère : son fils est le dieu du Soleil. Indrani est la femme d’Indra ; Ushas, nous l’avons vu, est la fille du Ciel, soeur de la Nuit et quelquefois mère du Soleil : elle symbolise l’Aurore qui voyage elle aussi dans un char. Surtout s’impose la figure de la Grande déesse primordiale, la Devi, à la fois bénéfique et maléfique, ensuite nommée Shakti, épouse de Shiva, apte à de nombreuses métamorphoses : elle est la personnification de l’Energie universelle et son importance ne cessera de grandir au fil des siècles.

Il existe aussi de nombreux démons (Râvana). Les serpents (les Nâgas), les éléphants et la tortue jouent enfin un rôle cosmique non négligeable, comme dans bien d’autres mythologies. L’une des visions hindoues de l’univers montre une tortue flottant sur un océan de lait, portant quatre éléphants qui soutiennent la montagne cosmique, pilier du Ciel, le tout entouré par le serpent cosmique qui se mord la queue, symbole de l’éternel recommencement. 

 

Quant à Manu, il est le premier homme, le premier représentant de l’humanité. Dans la religion ultérieure nommée hindouisme, on note, comme dans d’autres mythologies, un épisode lié au déluge : Manu, le premier homme et le père de la race humaine de chaque âge de l’univers fait un jour ses ablutions (sa toilette) et aperçoit dans le creux de sa main un tout petit poisson qui le prie de lui laisser la vie. Manu le met donc dans une jarre mais, le lendemain, il a tellement grandi qu’il faut le porter dans un lac ; celui-ci est bientôt trop petit. Le poisson lui demande de le jeter à la mer. Puis, il avertit Manu d’un prochain déluge. Il lui envoie un grand vaisseau, avec l’ordre d’y embarquer un couple de chaque espèce vivante et des semences de toutes les plantes et d’y monter lui-même. Aussitôt, l’eau envahit tout ; on ne voit plus que Vichnu, sous la forme d’un grand poisson d’or unicorne. Manu amarre son navire à la corne du poisson. C’est ainsi que l’humanité, les animaux et les plantes sont sauvés de la destruction. Cependant, contrairement au mythe hébreu, ce déluge n’a pas le sens d’une punition divine : c’est simplement une catastrophe qui se tient dans l’ordre des choses.

 

 En ce qui concerne les constellations, les sept étoiles de la Grande Ourse sont les demeures des sept Rishis ou sages primordiaux.

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